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CETA : le rejet du Sénat, du « Canada bashing » vu d’Ottawa

Le coup d’éclat du Sénat français, qui a rejeté, jeudi 21 mars, le CETA, l’accord de libre-échange signé entre l’Union européenne et le Canada en 2016, a laissé le gouvernement canadien, officiellement, de marbre. Sollicité, le premier ministre, Justin Trudeau, a refusé de réagir à chaud.
Le ministère des affaires étrangères s’est contenté d’un communiqué laconique, « c’est un lien étroit qui unit le Canada et la France. Les entreprises et les travailleurs des deux pays continueront à bénéficier de l’application provisoire [du CETA] en France ». Une réserve toute diplomatique sans doute destinée à ne pas compliquer la tâche du président Emmanuel Macron, mis en difficulté par ce vote qui, à terme, rend périlleuse la ratification définitive dudit traité.
Les autorités canadiennes, tout comme les médias du pays, se contentent, pour l’heure, de traiter ce désaveu sénatorial sous l’angle du « climat électoral français ». « Rien de personnel » en quelque sorte dans les attaques portées contre le Canada par les opposants au texte. Le commerce canado-européen ne serait que la victime collatérale de débats partisans franco-français, entretenus par une coalition politique hétéroclite allant du Parti communiste à la droite française et alimentés par le lobby agricole hexagonal.
Mais parmi ceux qui ont eu l’occasion de suivre, en intégralité, le débat au Sénat, certains sont néanmoins restés « sous le choc ». C’est le cas de Richard Ouellet, spécialiste des enjeux de la mondialisation économique à l’université Laval, à Québec. « J’ai entendu faussetés, exagérations, déformations et caricatures, s’insurge-t-il, ce rejet massif [des sénateurs] est une insulte au Canada et à la vérité. » « Les chiffres sont cruels, mais c’est la France qui est la grande gagnante de ce traité depuis son application en 2017, explique-t-il. Les étals de fromages chez nous sont désormais français, les vins sont français, les petits gâteaux français comme les BN [détenus par le groupe alimentaire turc Yildiz holding depuis 2014, mais produits en France] ont même fait une percée fulgurante grâce au CETA ! »
Il réfute surtout les accusations de distorsion des normes sanitaires entre les élevages canadiens et européens, qui mettrait en danger la santé des consommateurs français. « Rien de ce qui est interdit en France ou en Europe, comme les farines animales ou les antibiotiques de croissance pour les bovins, ne passe la barrière des douanes, grâce aux règles fixées par l’accord », assure-t-il.
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